Bénin / Politique: Olivier Boko, c’est un frère selon Patrice Talon

Le président Patrice Talon ne nie pas avoir une part de responsabilité dans les ambitions poussées par son ami d’hier, au point de vouloir le descendre de force pour lui reprendre le pouvoir. Il est devenu au fil du temps, « un monstre », laisse-t-il entendre dans un entretien.
Par Josué F. MEHOUENOU, le 14 mars 2025 à 08h53 Durée 3 min.
Lorsqu’on interroge le chef de l’État sur son plus grand regret, sa réponse se fait sans ambages. C’est « d’avoir perdu mon meilleur ami, après avoir contribué à faire de lui un monstre », déclare-t-il. Se prononçant pour la première fois sur ce que l’on pourrait qualifier de l’affaire Boko-Homéky, le président soutient qu’il a une part de responsabilité dans ce qui est arrivé. « J’ai ma part de responsabilité, bien sûr. Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée, avait méthodiquement tissé sa toile dans tous les milieux de la vie publique : politiciens, magistrats, services de sécurité, hommes d’affaires », confie-t-il aux intervieweurs de Jeune Afrique. Selon lui, « il s’était entouré d’une cour de flatteurs qui l’encourageaient dans son ambition. Et c’est cela qui l’a perdu ».
Le président de la République confesse qu’ayant eu les premières informations sur le coup que fomentait son ami, il s’est refusé à le croire, jusqu’à ce que des preuves tangibles lui parviennent. « J’ai d’abord cru à des sornettes. J’étais dans le déni… Je n’ai jamais sérieusement pensé qu’Olivier Boko convoitait la fonction que j’occupe », regrette-t-il. « Je me suis dit : Quand viendra-t-il me voir pour crever l’abcès et m’en parler ? Comme il ne donnait aucun signe en ce sens, j’ai fini par l’interroger. Il m’a répondu que tout cela se faisait à l’insu de son plein gré, mais qu’il fallait bien laisser les gens s’exprimer. Je l’ai écouté, à demi rassuré », a confié le président Talon. « Comment pouvait-il croire qu’une candidature solitaire, en dehors des partis, puisse prospérer, dans la mesure où le code électoral stipule que seuls les candidats désignés par un parti sont en mesure de compétir ? Je crois que c’est à partir du moment où il s’est rendu compte que cette voie était une impasse qu’il a commencé à penser au pire. En réalité, ce n’était pas, comme je l’ai longtemps cru, un caprice d’enfant gâté de sa part, mais bel et bien une volonté déterminée d’exercer le pouvoir, tout le pouvoir, quitte à me déposer ». Toutefois, bémolise-t-il, « il n’entrait pas dans les intentions de Boko et Homéky d’attenter à ma vie. Mais le déroulement d’un coup d’État est toujours imprévisible et nul n’est à l’abri d’un dérapage sanglant ».