
Chacune des pièces, arrachée à son contexte d’origine, porte une voix, une fonction, une histoire. Elle témoigne de la profondeur des institutions politiques traditionnelles, de l’ingéniosité des savoir-faire artistiques et de la grandeur d’une civilisation ancrée dans la spiritualité, l’esthétique et la pluralité.
Par Joël C. TOKPONOU, le 14 mai 2025 à 07h19 Durée 2 min.
Vous comprenez donc quelle est ma joie de prendre la parole en ce jour pour saluer le retour du Kataklè, un des trésors royaux du Bénin, sur notre sol. Cette restitution incarne bien plus qu’un geste symbolique. Elle nous engage. Elle nous élève. Elle nous oblige.
Grâce à un travail patient de traçabilité adossé aux mécanismes de coopération internationale entre institutions muséales et à la contribution des fils et filles de notre pays et sa diaspora, le Kataklè a été localisé au Musée national de Finlande. Nous exprimons ici notre profonde gratitude au gouvernement finlandais pour leur coopération, qui a permis le retour de cette pièce d’une portée symbolique majeure.
Modeste par son apparence mais d’une signification lourde et très profonde, ce Kataklè, utilisé lors des rituels princiers de la cour royale incarne à la fois l’élégance, la sobriété et la modernité des expressions artistiques traditionnelles. Il s’apprête à retrouver sa place légitime auprès des vingt-six œuvres déjà restituées, sur la terre qui les a vues naître.
L’importance de cette œuvre ne réside pas uniquement dans sa valeur historique ou artistique, mais aussi dans la manière dont elle vient réintégrer notre récit national, enrichir notre mémoire vivante et raviver notre héritage commun.
Vous l’aurez constaté, la dynamique de réappropriation, de sauvegarde et de révélation du patrimoine culturel impulsée par le gouvernement s’appuie entre autres sur une démarche d’enrichissement des collections nationales d’intérêt pour le programme muséal et patrimonial en cours de déploiement depuis 2016 et sa transmission aux générations actuelles et futures.
Le chantier de la restitution des biens culturels est aussi celui de la circulation des collections, de la recherche de provenance et de transfert de compétence.
Enfin, cette restitution nous rappelle que l’héritage culturel n’est vivant que s’il est partagé, transmis, interprété à la lumière des enjeux contemporains.
Le retour du kataklè marque ainsi le début d’une collaboration fructueuse entre les conservateurs, les médiateurs culturels, les restaurateurs, les historiens de l’art de nos deux pays.
C’est à cette condition que nous pourrons affirmer notre souveraineté culturelle, nourrir un dialogue fécond avec le monde, et ancrer le Bénin d’aujourd’hui et de demain dans la vérité, la fierté et la continuité de son histoire.