
Le Président du parti politique « Le Libéral » Issa Richard Boni Ouorou n’approuve pas les actions du parti d’opposition « Les Démocrates ». Il l’a fait savoir à l’occasion d’un entretien exclusif qu’il a accordé à la chaîne de télévision privée Canal3 Bénin. Pour Richard Boni Ouorou, ce parti manque d’organisation, de stratégie et de vision. Plus loin, il s’en est pris à Boni Yayi qui selon lui, pendant 10 ans, n’a pu fabriquer de milliardaires dans sa région qu’il prétendait pourtant aimer. S’agissant de Reckya Madougou et autres, Richard Boni Ouorou a semblé dire que le parti de Boni Yayi les utilisait comme fonds de commerce politique sans pour autant vouloir leur libération. Quant à Patrice Talon, le politologue a fait le bilan de sa gouvernance en relevant les points forts et les faiblesses. Au cours de cet entretien, il a également été question des rapports entre sa formation politique et les autres partis politiques, la question de l’emploi des jeunes, de l’insécurité au Nord du pays, de la liberté syndicale sans oublier le code électoral à polémique.
La rédaction
Aujourd’hui considéré comme papa bonheur par nombre de béninois après 10 ans à la tête du Bénin, l’ancien président Boni Yayi n’était pas le meilleur des gouvernants selon Richard Boni Ouorou. À en croire le président du parti Le Libéral, plusieurs maux dont la mauvaise gouvernance, la corruption ont gangrené la gestion du fils de Tchaourou, dont le parti s’illustre aujourd’hui, en mauvaise critique de tout ce qui se fait par le gouvernement actuel. «Pendant les 10 ans, on n’a fait que manipuler la population pour aujourd’hui faire sortir les jeunes gens dans les rues pour qu’ils viennent se poser en victime. On est même allé jusqu’à dire, je vais faire venir mes gens du Nord profond, en nous exposant nous qui sommes du nord. Tout ceci en faisant croire que ces les gens du Nord qui sont privilégiés. Pendant ce temps, c’est Patrice Talon qui était milliardaire, c’est Adjavon qui était milliardaire. Il y a quel milliardaire au nord ? », a interrogé Richard Boni Ouorou. Il va plus loin en affirmant qu’«on a prétendu que c’est le nord qui dirige le Bénin et après 10 ans, rebelote. On a sacrifié les gens, il y a plusieurs qui sont aujourd’hui en prison. Quand Patrice Talon n’était pas arrivé au pouvoir, il y avait beaucoup de marche. Mais les slogans que portaient ces marches étaient déshonorants pour notre pays».
Rapport Ld-Le Libéral
Aux dires du président Richard Boni Ouorou, son parti Le Libéral qui a récemment obtenu son récépissé d’existence légale au Bénin n’a aucun lien avec les partis de l’opposition et en l’occurrence Les Démocrates. L’acteur politique a dénoncé le politique de victimisation adopté par le parti de l’ancien Président Boni Yayi pour attirer l’attention. Tout ceci, en prenant les populations comme cobayes de leurs manœuvres. «Quand on voit la scène qui s’est passée ce weekend. Un parti qui manque à son devoir, celui de mettre sur la table des débats, de mener des actions concrètes pour exister. Ils vont prendre en otage la religion pour servir une seule personne pour qui la position victimaire est devenue la meilleure stratégie», s’est-il désolé.
Selon Richard Boni Ouorou, Les Démocrates disent se battre pour la libération de Reckya Madougou mais en réalité, «depuis qu’ils sont nés, je ne sais même pas qu’ils veuillent que Reckya Madougou et Joël Aïvo sortent de prison. Dès que Reckya Madougou sort aujourd’hui, le parti Ld s’explose, parce que dès qu’elle sort, soit elle prend le contrôle du parti, soit une partie du parti part avec elle», pense-t-il.
Au sujet des démarches menées jusque-là pour la libération de la candidate recalée de la présidentielle de 2021, le politologue a confié être parmi les premiers a mené des actions dans ce sens. «Je suis allé même jusqu’à faire rédiger une demande de liberté provisoire par un notaire et j’ai envoyé à plus de 2 000 béninois qui ont signé ces demandes et y ont joint leur carte d’identité. Nous avons compilé et fait parvenir au ministère de la justice, au palais de la République et au tribunal pour demander la mise en liberté provisoire de Reckya Madougou. Moi je suis dans la responsabilité, dans la nuance», a-t-il fait savoir.
À la question de savoir s’il serait prêt à faire alliance avec les autres formations politiques dans le cadre de la présidentielle de 2026, Richard Boni Ouorou n’est pas allé par le dos de la cuillère. «Au moment venu on verra parmi les partis existants, celui qui cadre avec nos idéaux et avec qui on pourra s’allier. Parce que nous avons une vision claire chez nous. Mais Les Démocrates je les trouve très peu structurés comme parti politique», a lâché avant de réaffirmer leur ouverture et disponibilité au dialogue avec tous les partis présents dans le paysage politique. «Si Les Démocrates nous invite, s’ils sont suffisamment murs pour ne pas être rancunier, nous irons. Maintenant, s’ils montrent qu’ils manquent de maturité et qu’ils préfèrent la rancune au dialogue et à l’ouverture, on comprendra. De notre côté, nous avons fait ce qu’il faut en envoyant une invitation au siège du parti », a laissé entendre le président du parti Le Libéral qui entend prendre le pouvoir en 2026.
Quid de l’emploi des jeunes et de l’insécurité ?
Loin de se voiler la face sur les multiples causes profondes du chômage grandissant au niveau de la jeunesse béninoise, le Président du parti »Liberal » pense qu’il faille repenser le système éducatif. Après avoir trouvé que «les formations ne sont pas adéquatées, il faut des formations sérieuses ». Richard Boni Ouorou propose une justice compétitive où chaque jeune peut avoir la chance de prétendre à un emploi.
En profondeur, l’acteur politique pense que le lien entre la politique au Bénin et celui du monde de l’investissement doit être brisé afin de permettre aux investisseurs de développer des activités et de créer des emplois sans la peur au ventre d’être chassés lorsque le vent de la politique n’est plus favorable. C’est pourquoi, il juge mieux que «le pont entre le milieu de la politique et celui des affaires doit céder pour que l’investissement privé soit protégé». Par exemple, il en veut pour preuve les multiples gros opérateurs économiques du Bénin qui ont dû pratiquement basculer dans la politique au soir du mandat de Boni Yayi afin de protéger leurs investissements au Bénin.
Lors de cette émission, la question sécuritaire dans le nord du Bénin, n’a pas été occultée et à ce niveau, Richard Boni Ouorou propose une thérapie plus holistique. «La question de la crise sécuritaire est la plus urgente. Et pour cela, il ne faut pas seulement une réponse militaire. Il faut une réponse globale. Une économie dynamique qui permet de créer de l’emploi, qui permet de faire du social et un État providence», a-t-il défendu.
Afin de parvenir à régler cette affaire qui endeuille des milliers de familles, la solution militaire ne doit pas être la seule piste à explorer. «Il faut surtout une formation et de l’information, parce que les jeunes gens qu’on vient prendre comme ça, sont nourris de frustrations, ils ne sont pas formés, ils n’ont pas d’emploi», a déploré l’homme qui veut un diagnostic plus poussé des maux qui favorisent le recrutement des jeunes dans les rangs des hors-la-loi.
Le code électoral en question
Selon Richard Boni Ouorou, une loi, quelle qu’elle puisse être, ne doit pas tuer l’initiative. «Je suis pour que dans un débat constructif, apaisé, sans aucune violence, sans animalité, sans haine, et avec toute la sincérité qu’il faut, nous allions à la table, pas des négociations, mais de la révision de ce code. A la table de la révision pour que dans une démarche totalement consensuelle et apaisée, nous puissions mettre toutes les craintes des uns et des autres, en tirer le potentiel et prendre des instruments de là pour régler cette question-là, une fois pour de bon», propose-t-il. Plus loin, il estime que les 20% sont irréalistes parce que les statistiques sont claires là-dessus. «Qui est-ce qui a déjà eu ça ? Qui est-ce qui a déjà fait ça ? Et l’autre côté, c’est qu’on ne peut pas dire qu’ensemble, deux parties ou trois qui font alliance doivent avoir une moyenne plus basse qu’un mouvement qui s’embrasse seul. C’est totalement contradictoire. Je suis d’accord avec vous que l’électorat est dynamique. Mais ce n’est pas pour autant qu’on peut quitter le 10% pour 20% alors qu’il y a une croissance des partis politiques qui vont désormais aller gratter un peu partout dans cette élection. (…). Nous aujourd’hui, nous sommes prêts et outillés pour toutes les situations», a-t-il laissé entendre.
Cependant, les partis d’opposition notamment Les Démocrates souhaitent une relecture de ce code. A la question de savoir si le parti, Le Libéral peut mener ce combat à leur côté pour que le gouvernement puisse être sensible à cette démarche, Richard Boni Ouorou répond, «je ne pense pas. Vous savez, c’est là où dans notre pays, les débats sont mal posés, parce qu’il s’agit là d’un instrument législatif. Mettons d’abord de côté cet aspect. «Dire qu’il faut des négociations pour permettre au gouvernement d’accéder à la révision du code électoral c’est que nous admettons que c’est le gouvernement qui détient ce code électoral et que c’est un instrument à sa portée. Ce sont des législateurs qui l’ont conçu et qui l’ont voté. Par conséquent, je pense que le débat, il faut un débat responsable et bien orienté vers les acteurs législatifs», a-t-il conclu.