
Malgré des pluies précoces et localement abondantes dans certaines zones du Bénin, le mois d’avril 2025 s’est achèvé sur un bilan hydrique globalement déficitaire. La Cellule technique de suivi et d’appui à la gestion de la sécurité alimentaire (Ct/Sagsa) alerte sur les disparités régionales et recommande une vigilance accrue.
Par Arnaud DOUMANHOUN, le 23 mai 2025 à 08h22 Durée 3 min.
Entre espoirs pluvieux et réalités du terrain, la campagne agricole 2025-2026 s’amorce dans un climat d’incertitude, marqué par des écarts pluviométriques notables et une vigilance accrue des acteurs du secteur. A travers son Bulletin d’information et d’alerte précoce sur la Sécurité alimentaire (Biap-San) pour le compte du mois d’avril 2025, la Cellule technique de suivi et d’appui à la gestion de la sécurité Alimentaire (Ct/Sagsa) a dressé un premier état des lieux de l’évolution de la campagne agricole 2025-2026. Il en ressort que le mois d’avril a été marqué par une installation progressive de la saison pluvieuse, des activités agricoles en hausse, mais aussi des conditions hydriques globalement déficitaires, qui pourraient influencer les semis à venir. Le réseau pluviométrique d’observation indique une situation disparate selon les zones agroécologiques. Si la première décade d’avril s’est montrée favorable au Centre et au Sud, avec des précipitations relativement importantes, notamment à Pobè (79,5 mm en 3 jours), le nord du pays, en particulier Kandi, a reçu des volumes nettement inférieurs (1,4 mm en 1 jour). Cette tendance s’est maintenue tout au long du mois. Ainsi, lors de la deuxième décade, Kouandé a enregistré un maximum de 108,6 mm en 4 jours, tandis que Kandi, une fois encore, n’a recueilli que 0,6 mm en un jour.
En fin de mois, les précipitations ont semblé plus généralisées. La plus forte quantité de pluie a été observée à Sémé-Kpodji dans l’Ouémé avec 114,3 mm en 3 jours, contre 2,2 mm à Kandi. Ce déséquilibre illustre les défis persistants de l’installation homogène de la saison des pluies, condition essentielle à une bonne réussite agricole. Selon la Cellule technique d’appui à la sécurité alimentaire du ministère de l’Agriculture, bien que les cumuls pluviométriques décadaires soient globalement excédentaires par rapport à la moyenne de référence (1991-2020), les cumuls depuis le début de l’année comme ceux de la saison des pluies demeurent majoritairement déficitaires. Le bilan hydrique sur l’ensemble du territoire reste donc négatif.
Des cultures vivrières encore timides
Sur le plan végétatif, le Bulletin révèle que la plupart des cultures vivrières ne sont pas encore installées. Seules les zones de bas-fonds affichent une activité notable : le maïs y atteint les stades de floraison et d’épiaison, tandis que l’arachide est en floraison. Les cultures maraîchères, pour leur part, progressent bien dans les zones adaptées, atteignant divers stades de développement. Cette dynamique lente mais graduelle reflète à la fois les hésitations liées aux incertitudes climatiques et les précautions prises par les producteurs avant d’engager leurs semis. Il faut tout de même noter qu’en dépit de la faible régularité des précipitations, les travaux champêtres s’intensifient. Dans le nord du pays, les agriculteurs s’activent au défrichement de nouvelles parcelles, aux premiers labours et aux semis précoces de maïs et d’arachide.
Parallèlement, des activités de cueillette et de commercialisation de produits agricoles saisonniers, comme la noix de cajou, les mangues ou le miel, animent les marchés locaux. Dans les régions du Centre et du Sud, les labours et les semis se poursuivent à un rythme plus soutenu. Les cultures de racines, notamment le manioc, sont en cours de récolte et de transformation. Dans la Vallée de l’Ouémé, les produits maraîchers arrivent sur les étals, illustrant une bonne organisation des producteurs dans cette zone à fort potentiel agricole.