
De plus en plus de fruits affluent sur les marchés béninois et plusieurs personnes s’intéressent à sa commercialisation. Le mal est que généralement, la plupart de ces fruits finissent dans les poubelles, entraînant ainsi, des pertes financières pour le vendeur. Que peut être à l’origine de ce désarroi ? Quelles solutions sont envisageables ?
Il est souvent difficile de donner une précision sur la durée de conservation d’un fruit, car cela dépend du type de fruit. En effet, l’on distingue généralement deux catégories : les fruits secs, qui ont une durée de conservation plus longue, et les fruits humides, qui contiennent plus d’eau et se conservent moins longtemps.
Les fruits secs, comme leur nom l’indique, ont une durée de vie plus longue que les fruits riches en eau, tels que l’ananas ou la pastèque, qui contiennent jusqu’à 85% ou 90% d’eau. Plus un fruit est riche en eau, plus sa conservation est difficile, car il se dégrade plus rapidement, surtout en présence de micro-organismes.
Aujourd’hui, les fruits ne durent plus aussi longtemps qu’auparavant. Selon le Docteur Ir. Makosso Allavo, PhD en Sciences et Technologies des Aliments, « la principale raison est l’utilisation de composés non biologiques dans la production, comme les engrais, les herbicides et les pesticides. Ces produits chimiques fragilisent souvent les fruits, ce qui réduit leur durée de vie, contrairement aux fruits issus de cultures biologiques, qui se conservent généralement plus longtemps. »
Cette réalité rend la vie difficile aux vendeurs qui font constamment face à la pénurie constante des fruits. Selon la confession de la plupart d’eux, cela agit fortement sur leurs revenus en raison des pertes que causent les fruits qui pourrissent. À en croire Émilienne Bata, Théodore Mlido, Yvette Vodounon, Aimée-Césair Yonhoue, et bien d’autres commerçants, les fruits ne durent plus longtemps. Leur pourriture commence bien avant l’arrivée sur le marché, et chaque jour ces derniers sont contraints à jeter les fruits pourris. Pourtant, le prix des fruits sur le marché va grandissant, avec une mévente fréquente et la faible volonté de la population à consommer des fruits. Le changement climatique joue également un rôle sur l’état de ces fruits.
Cependant, selon le Docteur Makosso, tout espoir n’est perdu si certaines bonnes pratiques sont respectées. Ainsi, la préservation d’un fruit commence depuis l’étape de la récolte. Dans ce sens, pour préserver les fruits, il faut s’assurer que les fruits sont arrivés à maturité avant de les récolter. Ensuite, lors de la manutention, il est important d’éviter de les blesser, car celles-ci facilitent l’entrée des micro-organismes. Aussi, « la logistique doit-elle être bien organisée, avec l’utilisation de la réfrigération par exemple, qui permet de conserver les fruits à une température comprise entre 2°C et 10°C. Contrairement donc à la congélation, qui endommage la texture du fruit, la réfrigération permet de préserver sa qualité. »
Après la récolte ou la vente, il est conseillé de laver et d’essuyer les fruits afin d’éliminer toute contamination. Il est aussi nécessaire d’identifier et d’isoler les fruits qui montrent des signes de dégradation, afin d’éviter la propagation à d’autres.
De son côté, Émilienne Bata, commerçante de fruits, propose, quant à elle, la méthode du carton de ciment. Cette méthode consiste à nettoyer soigneusement les fruits et à les positionner sur les cartons, et ce, à l’air libre.
En dehors de ces méthodes de conservation, certaines méthodes traditionnelles, comme la conservation dans la cendre tamisée, sont aussi utilisées dans certains pays, pour prolonger la durée de vie des fruits. Ces méthodes naturelles, préconisées par le spécialiste, semblent prometteuses et peuvent aider les commerçants de fruits à prolonger la durée de vie de leurs fruits.
Les commerçants lancent un appel à l’endroit des producteurs et des autorités du monde agricole béninois, afin que le degré d’utilisation des engrais chimiques ainsi que les prix d’achat soient revus. Cela faciliterait la longévité des fruits et leur vente sur le marché.